[symple_testimonial by= » » fade_in= »true »]Lors d’une année plutôt calme, j’ai eu l’occasion de rencontrer un bon nombre de femmes se disant féministes. A cette époque, je ne me voyais pas féministe puisqu’on m’avait appris à penser qu’elles étaient toutes hystériques, voire dangereuses. Partant de ça, mes relations avec ces personnes commençaient d’un mauvais pied mais me permirent aussi de me défaire de mes aprioris pour découvrir le féminisme comme une cause et pas seulement comme un effet médiatique. C’est ainsi que, à force de les écouter débattre contre certaines fortes têtes, je me suis prise à les comprendre différemment et même à aller dans leur sens. C’est pour cette raison qu’apparut cet OS. Mon hommage un peu tardif pour tous les efforts fait pas cette communauté qui ne lâche rien :3. Pour se pré-documenter rapidoss : L’humour et le féminisme (c’est cooloss !)[/symple_testimonial]
Dans un univers aussi masculin que l’était celui des shinobis, une ombre menaçait.
Celle de l’égalité des sexes.
« Sexisme ? Comment ? C’est quoi ce mot ? demanderai X à Y en haussant un sourcil avant de regarder du coin de l’œil cette kunoichi en plein combat dont les fesses rebondiraient d’une manière terriblement provoquante s’il en est. »
Voilà ce qu’était le sexisme à sa plus faible envergure.
Les femmes provoquaient par leurs atouts qu’importe qu’elles soient couvertes de la tête aux pieds ou qu’elles se baladent dans une tenue plus découverte.
Dans l’esprit de X, une chose semblait claire : D, jeune kunoichi, n’atteindrai jamais cette supériorité qu’il avait acquis au combat et jamais il ne la laisserai le surpasser. Quitte à biaiser la confiance qu’elle avait en elle-même.
Après tout, elle n’avait qu’à se conformer à ce qu’on voulait voir d’elle : une gentille jeune femme délicate qui reste au village et s’inquiète du retour de ses guerriers en se pomponnant le museau.
À Suna, cependant, le sexisme prenait un sens bien plus profond dès qu’on approchait le palais du Kazekage.
–
On décrivait beaucoup trop souvent Temari du désert comme une féministe. C’était établi, tout le monde s’en était fait une raison. On la décrivait aussi beaucoup trop souvent comme cette jeune femme gueularde qui houspillait l’homme sous n’importe quel prétexte et sans aucune justification.
Et ça, ça l’énervait profondément.
Temari avait des valeurs. Des valeurs qu’elle avait mit beaucoup trop de temps à faire comprendre à ses frères et qu’elle n’arrivait pas à transmettre à qui que ce soit d’autre.
Elle était une kunoichi exemplaire, se battait avec vigueur et ne manquait pas de courage. Mais personne n’écoutait plus dès que le mot kunoichi était prononcé.
Parce qu’une kunoichi ce n’est pas un shinobi. Une kunoichi se contente d’être une séductrice. Un ninja ça se bat.
« Se battre ? Une femme ? continuerai Z en esquissant un sourire. Un peu de sérieux, voyons. Une femme qui se bat c’est une allumée. »
X et Y riraient à s’en décrocher la mâchoire et, d’une tape virile dans le dos, continueraient à mater cette jeune D, aussi aguicheuse l’aurait-elle été.
Temari avait décidé de se battre pour que ça change.
Au milieu de ces hommes si fiers de leur unicité, elle crèverait cet abcès.
–
POUR L’ÉGALITÉ
Gaara du désert regarda du coin de l’œil la banderole que sa sœur avait installée à quelques pas du palais du Kazekage puis s’en détourna.
Temari avait treize ans, la première fois qu’elle voulu faire bouger les choses. Les sourcils froncés, elle était restée la journée entière sous le soleil de Suna, attendant que son père sorte de son bureau et vienne la voir. Il n’était venu que le soir-même et elle était restée au lit trois jours à cause d’une bête insolation.
« Pour l’égalité de quoi ? avait demandé un jeune ninja, intrigué de voir cette pauvre gamine et son air constipé.
– L’égalité des sexes.
– C’est quoi ? C’est sexuel ?
– Mais non, gros pataud. Le Kazekage refuse que les kunoichis du village puissent se présenter à l’examen chûnin qui se déroule à Konoha dans deux ans. Je m’entraîne dur pour avoir un niveau excellent, il va tout gâcher. »
Le jeune homme avait hésité à rire aux éclats mais Temari semblait tellement sérieuse qu’il s’était contenté de lui ébouriffer les cheveux en lui disant qu’après tout, elle pouvait « bien rêver, ah, ces jeunes… »
La blonde avait senti la moutarde lui monter au nez mais s’était retenue de lui en mettre plein la tête. Qu’elle ait des convictions, OK. Qu’elle s’acharne à les faire comprendre à ceux qui ne faisaient pas l’effort d’écouter son discours, par contre…
En voyant une kunoichi si pleine de persévérance, X se serai raclé la gorge avant de dire à ses compagnons qu’elle devait avoir un grain, celle-là, à mettre tant d’énergie pour quelque chose qui ne changerait jamais aux vues des mentalités de l’ère actuelle.
Et c’était bien le fond du problème : l’humain aimait bien trop son confort et ses habitudes pour prendre la peine d’y changer quoi que ce soit. Que ceux qui avaient un avis différent sur la question aillent voir ailleurs. Surtout s’il s’agissait d’une kunoichi.
Deux ans plus tard, Temari et ses deux frères se retrouvaient à Konoha pour l’examen chûnin. Mais pas que.
–
En arrivant à Konoha pour la première fois, Temari avait constaté quelque chose qui la dérangeait. Il y avait une quantité non-négligeable de kunoichis en devenir à la première épreuve de cet examen. Pas Tant que ça, mais suffisamment pour que l’adolescente qu’elle était le remarque et s’interroge sur Konoha et sur ses critères de sélection ninja.
Les apprenties-kunoichis de Konoha se permettaient d’être féminines, de se montrer en tant que femme et même de s’affirmer en tant que ninja. Chose que les femmes de Suna ne s’étaient jamais permis, peut importe le contexte. Pas même Temari du haut de ses quinze années et de son statut de princesse du désert.
Il y avait eues ces jeunes filles aux phrases qualificatives. Sakura, Tenten… Des kunoichis, certes. Mais pas d’un niveau aussi élevé que Temari s’acharnait à travailler depuis tant d’années.
C’était ce fait principal qui mettait cette pauvre enfant dans tous ses états.
Konoha permettait aux femmes d’êtres kunoichis. Konoha n’en faisait pourtant pas des éléments d’exception.
Kunoichi restait un synonyme de manipulatrice aux yeux de ce pays. Il n’y avait qu’à regarder les femmes déjà en poste. Kurenai et sa capacité à manipuler l’esprit, Anko et son équipe d’infiltration…
S’il ne s’agissait pas de manipulation, pourtant, c’était à la médecine et à la diplomatie qu’elles se referaient le mieux. Tsunade en était un exemple flagrant une fois mise au poste de Hokage.
Et qu’était la diplomatie si ce n’était une manière détournée de mettre à profit son verbe et ses idées ?
La femme, la séduction, la manipulation, la fourberie. La mère, le confort. Ce n’était pas ce que Temari voulait entendre en parlant de kunoichi. Et il fallait que ça change.
–
Dans le cours des années passées à fréquenter les kunoichis de Konoha, Temari comprit pourtant certaines choses qu’elle avait niées du plus profond de son âme.
Sakura excellait dans la maitrise de la médecine et développait une force de buffle. Tenten et Hinata devenaient de véritables combattantes. Tandis qu’elle, simple Temari, immunisée jusqu’à présent au méfait de l’homme, découvrait ce que signifiait être une femme dans un sens qu’elle n’avait jamais réellement prit en considération.
Physiquement et contre son gré, Temari du désert devenait une dame avec tout ce que cela pouvait impliquer.
De son tour de poitrine à la courbure de ses hanches, la kunoichi se sentait dépasser par tout ce qu’on lui avait enseigné au cours de son adolescence. Avoir passé sa vie entourée d’hommes ne l’avait visiblement pas préparée à sa vie d’adulte.
Que ça soit par ce qu’elle dégageait à agir comme un homme en étant une femme.
Que ça soit par son ignorance de ce qu’un homme pouvait lui faire découvrir.
Que ça soit par sa naïveté à ne pas comprendre les boutades que V et W pouvaient lui balancer.
Temari était une ingénue de la plus grande trempe. Apprendre avec trop de retard qu’on se fichait d’elle en lui disant qu’elle ne pouvait pas se toucher un coude avec l’autre, ça la mettait dans tout ses états. Une colère monstre se déversait alors en elle et le premier à l’accoster en payait bien souvent le prix.
Il s’agissait là fréquemment de ses frères ou de Shikamaru Nara avec qui elle passait beaucoup de temps dernièrement pour régler certaines affaires diplomatiques. Dans un cas comme dans l’autre, l’homme contre qui elle devait déverser sa haine n’en ressortait pas indemne.
Gaara l’ignorait d’un regard mais portait attention à chacune de ses phrases, tachant de saisir pourquoi elle se mettait dans un état pareil pour ne jamais avoir à en subir les frais de plein front.
Kankurô tentait de défendre celui contre qui la haine initiale de sa sœur se dirigeait. Peu importe que l’autre soit en tort ou non, il paraissait important pour lui de faire comprendre à sa sœur que l’humour existait et qu’il fallait parfois se détendre le froc.
Shikamaru Nara, lui, levait les yeux au ciel, attendait que la kunoichi ait fini sa déclaration et embrayait sur un autre sujet de manière si peu subtile qu’il se recevait régulièrement un sacré coup de tatane dans le ventre.
Temari ne supportait pas l’homme. Plus depuis qu’elle devenait cette femme aux formes de femmes que l’homme regardait en coin.
C’était stupide, peu réfléchi et elle se sentait en tort de ne pas être capable de vivre avec des ninjas qui, eux, restaient dans leur monde confortable sans tenter un seul pas vers Elles.
« Tu sais, Temari. On peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui. »
Combien de fois dans sa vie, la blonde avait-elle entendue cette expression sans savoir pourquoi elle l’irritait ? Beaucoup trop de fois.
« Sais-tu, toi qui vient de lui dire cette phrase, que cette expression est sortie d’un contexte depuis bien longtemps oublié ? avait une fois répondu Shikamaru Nara à la surprise de tous. Un jour, X, en complet désaccord spirituel avec Y, se permit de rire à la blague de ce dernier et s’en trouva contrarié. Parce que rire avec une personne qui ne partageait pas ses idées lui apparaissait comme quelque chose d’accablant. »
Son interlocuteur avait prit la mouche et c’était trouvé bien dépourvu de la moindre repartie à la suite de cela.
Temari avait alors regardé celui que tout un chacun appuyait comme étant un sexiste patenté et avait revu la condition de Nara dans son esprit. Un nouveau barreau à son échelle se créait alors dans son esprit.
Qu’un homme avec des idées aussi préconçues que les siennes puisse prendre son parti la faisait sourire et la rassurait sur le devenir de l’homme en tant qu’entité.
Ce qu’elle ignorait encore, pauvre ingénue qu’elle pouvait être, c’est que malgré la justesse de ses paroles, Nara n’avait pas uniquement en tête d’être celui qui la défendrait verbalement.
Et une nouvelle fois, Temari découvrit cette chose qu’elle n’avait pas encore imaginée possible : l’Attirance.
–
Vivre sans le parrainage de quelqu’un qui l’aurait considérée comme la petite princesse qu’elle pouvait être, avait fait de la blonde ce personnage inapte à la compréhension sentimentale. Aucune histoire pour la border le soir, aucun livre de conte pour la faire rêver, personne pour lui apprendre que quand son cœur s’affolait ce n’était pas forcement par colère ou par peur.
Pas de pitié, pas de tristesse, pas d’amitié.
Pas d’amour.
Konoha, village caché de la feuille, était bien le seul capable de l’aider à évoluer et à ne plus être qu’un soldat. C’est durant son adolescence qu’il fut le plus efficace. Grâce à Naruto, tout d’abord. Puis peu à peu grâce à tout l’entourage qui commençait à l’englober.
Epoque difficile s’il en est pour cette blonde qui remarquait péniblement qu’il fallait tolérer, au pire, si l’on n’était pas capable d’accepter. Mais avec ses deux frères, ils entrevoyaient la possibilité de ressortir adultes et braves de cette aventure.
Il fallait devenir humain avant de penser à Etre.
Il fallait être avant de prendre position
Agée de dix-neuf ans, Temari mettait enfin un nom sur sa position en tant qu’adulte. Elle était féministe.
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POUR L’ÉGALITÉ
Gaara du désert était resté près de sa sœur quand elle se posta en bas du palais du Kazekage pour faire entendre sa voix. Contrairement à leur père, il serait capable de soutenir les idées de sa sœur, peu importait l’opinion qu’on pourrait avoir de lui par la suite. Il était un ancien porteur de Bijû, il avait connu bien pire.
« Pour l’égalité de quoi ? avait demandé une apprentie-kunoichi accompagnée de ses deux acolytes.
– Pour l’égalité des sexes, petite.
– Beuh, c’est sexuel ? avait alors questionné l’un des deux garçons en fronçant les sourcils.
– T’es trop stupide, l’incendiai la gamine en lui fourrant un coup dans les côtes. Temari-sama, dites-lui qu’il est bête. »
Temari préféra ne pas répondre, se contentant de captiver son auditoire d’un discours qu’elle peaufinait depuis l’adolescence. S’adresser à des enfants était une manière comme une autre d’élargir l’opinion de son prochain. Un enfant ne jugeait pas. Un enfant ne faisait qu’apprendre.
Et surtout, un enfant s’adaptait.
Devenant une figure emblématique de la portée féministe, Temari éleva sa voix autant qu’elle le put dans les villages et pays alentours, faisant comprendre que la femme avait d’autres choix que d’être celle qui se faisait enfanter pendant le repos du guerrier.
Suna évoluait peu à peu, porté par une force de conviction.
Konoha écoutait et s’affirmait.
Kumo se félicitait d’avoir déjà prit cette voie et y persévérait.
Temari en aurait presque pleuré d’admiration. Mais elle n’en fit rien. Elle ne pleurait que pour sa famille.
–
Des années durant, elle se focalisa sur ses rôles de kunoichi et de féministe et ignora l’essence même de ce qu’était sa prise de position.
Elle était une Femme.
L’attention que l’homme lui accordait désormais, en la connaissant comme étant celle qui dispersait un message de femme affirmée, différait de celle qu’on accordait à Ino ou Sakura. Par cet aveu qu’elle se fit à elle-même, Temari sentit une tristesse infinie l’envahir.
Elle était féministe. Elle n’était pas féminine.
Souhaitait-elle l’être ? Non, aurait-elle répondu. Elle faisait ce qu’elle voulait et les conventions sociales n’y changeraient rien. Elle était Entière. Elle faisait ce qu’elle voulait de son corps.
« Elle n’est pas féminine. Ce n’est donc pas une femme, aurait indiqué Z en la détaillant de haut en bas.
– Tu as bien raison. Elle ne serait même pas capable d’attirer un seul homme avec un comportement pareil, lui aurai répliqué Y pour le soutenir. »
Ces réflexions ne l’atteignaient qu’à moitié. Après tout, elle s’était battue pour être considérée comme combattante, pas autre chose. Mais ressentir ces idées comme étant péjorative ne la rassurait pas. Comment pouvait-elle se permettre de minauder après toutes ces batailles qu’elle avait menées pour enseigner aux autres que le paraitre n’était pas tout ?
Pour prendre exemple, Tenten développait un féminisme certain tant par ses discours que par ses actions et se montrait pourtant comme une femme consciente de ses charmes. Etre l’un n’empêchait pas d’être l’autre, lui fit-elle-même la confession, un soir.
« Tu pourrais aussi te taire et te contenter d’être Femme, lui avait répondu Shikamaru Nara avant de se recevoir un coup sur le crâne. »
Il développa alors son propos, se basant sur des certitudes que sa mère lui avait appris : « Tu n’as pas à changer si ce n’est pas ce que tu souhaite. Que tu veuilles faire comprendre à d’autres qu’ils sont stupides de penser comme ils le font, Ok. Que tu te sentes obligée de changer pour te faire entendre d’eux, par contre… C’est stupide en plus d’être chiant. »
Assagie, elle l’avait écouté déballer ses avis, le rappelant à l’ordre quand elle le sentait partir sur des propos misogynes. Il avait eu une mère au caractère fort, une coéquipière compliquée, il maitrisait son sujet.
Ravie de pouvoir développer ses convictions, Temari discuta toute une soirée durant avec ce flemmard de Nara qui lui faisait entrevoir une manière de penser à laquelle elle n’avait pas même songé.
C’est cette soirée qui déclencha quelque chose de nouveau pour Temari : les hommes n’étaient pas tous des gros cons sexiste sans avis.
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Sa lutte pour l’égalité des sexes dura toute sa vie et voir ce qu’elle provoquait autour d’elle était un délice à ses yeux. Regardant par la fenêtre du bureau du Kazekage, la blonde du désert contempla le terrain d’entrainement de sa jeunesse et sourit à deux constatations.
La première était la viralité que son message avait eu sur la jeunesse de Suna. Des apprenties-kunoichis se battaient et prouvaient à leurs compagnons toute leur force et intelligence.
La deuxième était plus subtile mais d’une importance pourtant plus grande : Ces gamines étaient aussi respectées que n’importe quel genin.
Suna avait été le premier village à subir de plein front cet engouement égalitaire. Il ne serait pas le dernier.